vendredi 1 mai 2009

Hilda


Hilda est venue me voir un lundi matin d'octobre. Son âge ? 83 ans et le goût de vivre d'une jeune fille. Elle voulait écrire son histoire afin de se débarrasser de ce qui l'encombrait depuis tant d'années. Elle avait envie de respirer, enfin, librement.
Depuis ce matin d'octobre, nous nous sommes rencontrées régulièrement, puis irrégulièrement, santé oblige. Le travail avançait doucement. Travail de mémoire pour Hilda, travail d'écoute et de mise en forme pour moi. Nos rencontres lui apportaient un certain apaisement. Le pouvoir de la parole est immense, elle peut détruire comme elle peut soigner. La sienne a toujours été franche, elle a su dire les choses sans détour ni fioriture. Parfois des choses qu'elle n'avait jamais dites à personne et qui resteront à jamais entre nous.
Mais ce qui m'a frappée, c'est la facilité avec laquelle elle s'est confiée à moi. Peut-être était-ce parce que j'étais étrangère à sa vie, à sa famille, à ses relations.
Je retiens de Hilda un grand appétit de vivre et d'être heureuse et, parallèlement, une forte propension à culpabiliser. Rien n'a été vécu à moitié.
En l'écoutant, j'ai vu sa vie se dérouler devant mes yeux. Son récit était extraordinairement vivant. Mais n'était-ce pas tout simplement elle qui est toujours extraordinairement vivante ?